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INTERVIEW

BEST 152 - MARS 1981

Hervé Picart : Brian Robertson, qui part puis revient, puis repart, puis Gary Moore, qui fait un bref passage, puis maitenant Snowy White, cela fait beaucoup de guitaristes qui défilent en peu de temps. Thin Lizzy a t il des problèmes pour trouver un complice à Scott ?

Phil Lynott : non, pas vraiment, c'est juste une question de circonstances. Brian Robertson est parti parce qu'il voulait former son propre groupe. Gary Moore, qui est un vieil ami, nous a dépanné un moment, mais il tenait avant tout à continuer sa carrière solo. Ce fut alors que Jim Cregan, qui est guitariste de Rod Stewart, et aussi un ami, me parla de Snowy comme quelqu'un qui conviendrait bien. Mais Snowy était alors, et pour un bon moment encore, dans la tournée The Wall du Pink Floyd, donc, pas disponible tout de suite. J'ai pensé incorporé un autre ami, Midge Ure, le guitariste d'Ultravox, pas axactement le même style, mais il voulait continuer Ultravox. Alors, j'en ai profité pour faire mon album solo avzc Thin Lizzy et Midge et d'autres amis, en attendant que Snowy en ait fini avec Pink Floyd. Et nous avons fait Chinatown, je crois que le groupe est maintenant bien stabilisé.

HP : Brian et Scott formaient quand même une fameuse équipe et ils se connaissaient tellement qu'ils devaient jouer tout ç fait naturellement ensemble. Ces changements de personnel n'ont ils pas nuit au naturel de vos duels de guitares ?

PL : Bien sûr, cela n'a pas été facile pour Scott, il a fallu s'adapter à chaque fois. Mais cela marche très bien avec Snowy. White a un feeling très bluesy, et cela entraine des rapports très différents de ceux qui liaient Scott au jeu de Brian. Mais il faut bien voie aussi que ce n'est plus le même ThinLizzy du tout. Ce n'est pas le même groupe avec un remplaçant de Brian, asservi à jouer comme avant. C'est réellement un nouveau groupe dont les bases et les projets sont différents. Nous ne cherchons pas à imiter l'ancien Thin Lizzy, celui-là est mort pour nous. Nous partons ailleurs. Il y a des groupes dont le présent consiste à sauvegarder le passé. Nous, notre présent bâtit un futur, quelque chose de toujours différent, en mouvement.

HP : Ce qu in'empêche pas que vous devez encore assumer votre légende et jouer "Jailbreak" ou "Bad Reputation" .

PL : Chaque groupe est toujours partagé entre ses devoirs et ses désirs de changement. C'est normal, entre ce qu'attend le public, et ce que lui veut. "Black Rose" fût un album de continuité, mais nous eûmes un Hit single avec une chanson lente, "Sarah", puis, je fis un album solo qui était moins rock que du Thin Lizzy. Les gens se sont mis à penser que Thin Lizzy allait faire du soft rock Nous leur avons fait face en enregistrant "Chinatown", qui est un disque de rock'n'roll agressif, destiné à prouver que, même avec Snowy, nous allons continué à faire du hard rock, destiné aussi à établir solidement la nouvelle formation. Notre attitude fut donc différente pour cet album là, mais cela ne se ressent pas. Je crois que les changements d'orgre musical vont seulement arriver à partir de maintenant. Tout enrestant du rock énergique, bien sûr.

HP : On note actuellement un retour vers le rhythm'n'blues dans le rock, Or, c'est toujours ce que Thin Lizzy a fait. Que penses tu de ce mouvement ?

PL : c'est bien si ce n'est pas pour en faire un truc qui dure six mois. Pour nous, cela a toujours été quelque chose de naturel car le rock irlandais est baigné de rhythm'n'blues, je ne sais pas pourquoi. C'est le trait commun entre Van Morrison, les Boomtowns Rats et nous. Et c'est ce qui fait que nous somme sans doute un groupe de hard rock et pas de heavy metal, car notre base n'est pas le riff comme dans le heavy metal.

HP : La longéviyé des groupes de hard et de heavy metal est quand même exceptionnelle si l'on compare aux autres sortes de groupes qui disparaissent vite ou dont le succès retombe. Thin Lizzy est un bon exemple de durée. A quoi cela tient-il selon toi ?

PL : Au fait que Thin Lizzy a toujours été lui même, une personnalité, avant d'être un groupe à étiquettes. Pour moi, le rock est définitivement affecté par les modes. Punk, reggae, heavy metal, musique futuriste, tout cela se succède et les groupes connaissent tour à tour heures de gloire, puis c'est au tour des autres. C'est comme ça. Aussi, il vaut mieux se fier à sa personnalité, à ses désirs personnels, plutôt qu'aux genres de musqiue. L'importance du hard est cependant d'être toujours, pour les kids, la musique qui les fait naître au rock. Elle est primaire et énergique, c'est de ça qu'ils ont besoin, et tout le monde a sa période hard, puis les goûts se forment et ils vont prendre du plaisr avec autre chose. C'est pour ça que le hard tient.

HP : Sur vos disques, vous n'êtes pas exclusivement hard, il y a des ballades, des violons parfois. Mais sur scène, il n'y a que du Thin Lizzy hard. N'est ce pas un peu nier cette personnalité ?

PL : Non, c'est une question de situation. Quand nous montons sur scène, nous sommes très agressifs. La puissance sonore fait que chaque note fait mal. Nous avons envie de foncer, le public veut aussi foncer, et nous fonçons. En studio, il n'y a pas cette pression. C'est une situation introvertie alors que la scène pousse à l'extériorisation. Alors, en studio, on expérimente, on cherche autre chose, on prend le temps de réfléchir, de construire. A situations différentes, actions différentes.

HP : Quelles sont à présent tes relations musicales, politiues, affectives avec l'Irlande ?

PL : Je suistrès fier d'être irlandais, très. Musicalement, je trouve que la scène rock irlandaise va bien, il y a de bons nouveaux groupes de rock. Politiquement, je ne prends pas de position dans mes chansons car je crois que je serai incapable de m'y exprimer clairement. La situation politique est réellement folle. Je suis incapable de dire "ça c'est noir, ça c'est blanc". C'est impossible. Alors j'évite de me prononcer pour éviter les malentendus. Plus personne n'y voi tclair en fait, sauf ceux qui ont décidé de ne plus voir qu'un aspect des choses. Et puis je trouve que c'est une forme de publicité dangereuse que de faire de la politique avc du rock.

HP : Et il me semble que tu aies des rapports avec la new wave. Tu es ami de Midge Ure, des Rats. Tu as parlé de la new wave sur ton album solo dans "talk in 79". Quels sont ces rapports ?

PL : "Talk in 79" est simplement un collage, un peu ironique, de titres de journaux musicaux parus dans l'année, rien de plus. C'est très impresisonniste, c'est tout. Pour le reste, j'ai plus des rapports d'amitié que de complicités musicales. Mais pourquoi faudrait il avoir les deux ensemble, hein ?

Merci à Pascal.