THIN LIZZY STORY

 

Pourquoi LIZZY ?

N'y allons pas par quatre chemins, n'en déplaise à certains, Thin Lizzy est un rock-band majeur, je dis bien majeur dans la - courte - histoire du rock. Pourquoi ? parce que.

D'abord par son côté atypique, fusionnel, passionnel, on a affaire ici à de vrais textes, pas le trip pourri de la plupart des groupes de l'époque "sex drugs and rock and roll", non, Lizzy, c'est d'autre chose que cela. C'est de l'amour, de l'authentique, du sentiment, de l'explosion parfois aussi, des légendes encore...

Ensuite pour son côté fluide, non compacté. Voici de la fusion, de la vraie, bien avant tout le monde : 2 guitares et pourtant ça groove, ça swingue, ça balance diront les plus vieux... c'était un mélange unique qu'il est vain de reproduire, ou plutôt d'essayer de reproduire...unique...

Enfin et ici je pèse mes mots parce qu'il y avait un chanteur, un vrai ... un type qui savait vous faire frissonner comme personne, pas même Plant, pas même Gillan, pas même tous ceux que vous voulez ... pendant que la plupart s'époumonent à s'évanouir ( souvent de fort belle façon, n'oublions pas à contrario Plant sur "since i've been loving you", Gillan sur "child in time" et tant d'autres ), Phil Lynott chante avec son cœur, avec ses blessures, avec son amour,... avec sa vie.

Thin Lizzy c'est tout ça à la fois, ça fait beaucoup, trop diront quelques uns, ouaih, sans doute ils ont raison, tant pis, je garde pour moi mes sensations, mes émotions, mes larmes et mes joies devant "a night in the life of a blue singer", "oldtown", Philomena", "still in love with you", "don't believe a word", "got to give it up" et j'en passe ... merci Phil pour tout ça ...sans doute je fais un peu trop fan juvénile et boutonneux ...mais c'est pas grave ... franchement, je sais ce que j'ai gagné ... le reste ... merci Phil.

 

HISTORIQUE - THE ROCKER

L'histoire commence à Dublin le 20/08/1951. Philomena Lynott met au monde un garçon qu'elle prénomme seule ( Papa est parti depuis un moment ) Philipp Paris Lynott. Son seul fils, son seul enfant. Jeunesse sans histoire, plutôt doué à l'école dans les matières littéraires, le jeune homme s'intéresse beaucoup aux légendes locales, celtiques bien sûr.

Mais très vite, Phil épouse madame guitare - acoustique pour l'occasion - et tombe dans les travers de la soul et du rhythm n'blues à la Stones. Bizarre à Dublin, nombreux seront ceux qui sortiront de ce moule, les Them et Van Morrison, Gallagher pour ne citer que les plus connus.

Le garçon se prédestine à une carrière musicale dans le genre folk dans un premier temps. La messe est dite ! il s'enivre de légendes celtiques et répète seul avec sa guitare ...compose ses premiers textes ...mais à priori s'ennuie ferme seul dans son petit coin. Nous sommes en 1966, la première rencontre capitale de sa vie se déroule alors : il rejoint le groupe nommé SKID ROW dans lequel officie Gary Moore, irlandais pure souche élevé au même biberon que les jeunes dublinois de son âge, la soul, le blues, le rhythm n'blues. Phil apprend alors la basse et sympathise avec Moore, que l'on retrouvera à maintes reprises un peu plus tard. L'aventure SKID ROW prendra fin quelques temps après, Phil retrouve sa guitare folk, sa solitude, mais a dans l'idée de monter un groupe blues rock au plus vite.

Seconde rencontre capitale, celle de Brian Downey, camarade de lycée mais surtout batteur. L'aventure est lancée même si l'association porte le nom de Orphanage. Le groupe, rebaptisé THIN LIZZY s'adjoint les services d'un guitariste, Eric Bell, connu pour son travail avec les Them de Van Morrisson. Le trio se forge alors une solide réputation dans la verte Irlande, à tel point que les critiques locaux les surnomment "la tornade infernale", faisant référence à la folie dégagée sur scène. Rapidement, les maisons de disques anglaises s'intéressent au phénomène et DECCA signe le groupe fin 1970. THIN LIZZY, contrat oblige, émigre à Londres et se met au travail en studio, enregistrant l'album éponyme qui sortira courant 1971.

Et là ça se corse. Malgré la tournée qui suit, les ventes de l'album ne décollent pas, bref, c'est un bide, terrible, assassin pour ceux dont on croyait qu'ils allaient conquérir tranquille Miss Albion. Pas grave, pensent les dirigeants de DECCA, recommençons ! Courant 1972 nos trois lascars se remettent au travail et ...même boulot même punition ! à croire que ...

 

Bon, le troisième, il va bien marcher ?! "Vagabonds of the western world" voit le jour en 1973 : le groupe qui a sorti quelques temps plus tôt un 45T - whisky in the jar - espère profiter de l'aubaine d'avoir obtenu son premier hit single outre Manche ( ce titre se classe n°6 dans les charts britanniques et n°1 en Irlande ) pour bien promouvoir et vendre ledit album. Que nenni, il ne se vendra pas plus que les autres, et pourtant ( voir la page ( CRITIQUES ) c'est sans doute le premier lizzy à valoir le coup. Maudit public anglais, pas plus que les autres ...c'est alors qu'intervient le départ d'Eric Bell pour des raisons obscures ... la version officielle de l'époque y allant de son "incompatibilité musicale", la vérité sur ce départ se faisant jour des années plus tard, après la mort de Phil, lorsque Eric précisera qu'il ne supportait pas les ambiances des plateaux TV et autres sollicitations... vécues suite au tube "whisky in the jar". Drôle d'année que celle ci pour Lynott and Co, un tube gigantesque et un album qui ne décolle pas, ... pour finir le départ de Bell et ... le meilleur pour la fin... la rupture du contrat discographique par DECCA.

 

THE BOYS ARE BACK IN TOWN

Bref, retour case départ ...il n'est pas question pour Lynott et Downey de laisser tomber ...re bonjour Dublin !!! Et re bonjour Gary Moore !!! Sollicité par Phil pour reprendre du service, le balafré Gary ne restera pourtant que 4 mois, le temps d'enregistrer un 45T - little darling - et partira rejoindre COLLOSSEUM II, groupe de jazz rock monté pAr Jon Iseman, ancien batteur des Bluesbreakers. C'est un moment crucial dans la carrière de THIN LIZZY, ne voulant plus tomber en rade de guitariste, Lynott et Downey décident d'en engager deux.

Andy Gee et John Cann, illustres inconnus, pensent avoir décrocher la timbale, mais ne servent juste qu'à boucher les trous, lourdés qu'ils sont après quelques dates en Allemagne courant mai 1974. Nos deux amis de retour en Angleterre enrôlent l'écossais Brian Roberston et l'américain Scott Gorham. Cerise sur le gâteau, le groupe arrache un nouveau contrat avec VERTIGO en juillet 1974. Les plus belles heures de LIZZY peuvent commencer, en route vers la gloire !

Nightlife ( 1974 ) et surtout Fighting (1975 ) sont deux disques prometteurs qui se vendent mieux que les efforts précédents mais c'est surtout en 1976 grâce à l'album Jailbreak que le groupe explose enfin : n° 18 aux USA et 10 en Angleterre, l'album est porté au niveau ventes par le single "the boys are back in town" qui fait un véritable hit des deux côtés de l'Atlantique ( 12 aux USA et 8 en Angleterre ). Le groupe s'engage donc dans une tournée américaine, tournée catastrophique Phil Lynott tombant malade, hépatite, ce qui oblige TIHN LIZZY a rebrousser chemin, les uns rentrant dans leurs pénates, Phil se retrouvant à l'hôpital pour quelques semaines.

Le rêve se brise, c'est écrit, jamais LIZZY ne deviendra superstar aux USA. Qu'à cela ne tienne, la bande à Lynott retrouve les studio à la fin de l'été le plus torride depuis des lustres pour y enregistrer le digne successeur de l'opus précédent : Johnny the fox. Le disque se vend moins bien mais les résultats restent honnêtes, 11 en Angleterre et 52 aux USA. Le single "don't believe a word" fera lui aussi carrière, 12 en Angleterre.

1977 est une année charnière pour nos quatre lascars, qui bientôt vont se retrouver à trois, Brian Roberston, ayant fait le coup de poing lors d'une soirée trop arrosée, se fait éjecter purement et simplement et est remplacé sur la tournée américaine du moment par ...Gary Moore, qui lui-même partira à la fin de ladite tournée pour être remplacé par ... Brian Roberston pour les sessions de l'album Bad Reputation ( 4 en Grande-Bretagne et 32 aux USA ), qui lui même se fera à nouveau éjecter définitivement en juin 1978 suite à la tournée anglaise. Compliqué hein ???

 

GET OUT OF HERE

Entre temps Lynott et sa bande sont les seuls rockers établis à accepter publiquement la révolution punk, joignant le geste à la parole, ils enregistrent avec Paul Cook et Steve Jones des SEX PISTOLS un 45T sous le nom de THE GREEDIES. Quelques dates suivent sur lesquelles on retrouve en plus Johnny Thunders les BOOMTOWNS RATS de Bob Geldof ...

je rajoute juste que ...Gary Moore revient une nouvelle fois ... pendant que sort le mythique Live and Dangerous ( sans doute l'un des meilleurs albums live du rock en général - voir CRITIQUES - qui deviendra N° 2 en Angleterre, et que tout ce beau monde se retrouve en studio pour mettre en boite ce qui deviendra Blackrose ( N° 2 en Angleterre là encore). Les critiques sont unanimes, on a affaire une fois de plus à du grand LIZZY. 3 singles seront tirés de ce magnifique disque : "waiting for an alibi" ( n°9 en GB ) do anything you want (n° 14 ) et Sarah ( n° 24 toujours en GB ) chanson sur la première fille de Phil qui vient de naître.

Tout baigne puisque la même année sort la ballade "parisienne walkways" sous le nom Gary Moore, N° 5 dans les charts britanniques.

Le groupe entame alors une tournée américaine, afin de relancer la machine, c'est un peu la tournée de la dernière chance et l'inexplicable se produit : Lynott et Gorham, joyeux drilles reconnus du milieu passent soudainement aux drogues dures - héroïne - dès les premières dates de cette tournée (juin - juillet 1979 ). Le Gars rit jaune Moore ne l'entend pas de cette oreille et quitte cette fois ci définitivement le navire. La fin est proche. Midge Ure ' tête pensante d'ULTRAVOX un peu plus tard ) rejoignant le groupe pour finir la tournée.

 

GOT TO GIVE IT UP

Surprenante histoire, Lynott en 1980 se retrouve avec des disques qui marchent bien, une femme ( il se marie cette année là ) une enfant, un disque solo "Solo in Soho" qui se vend lui aussi ...mais est au plus mal d'après son entourage, ne supportant pas ces ( ses ? ) échecs à répétitions au pays de l'oncle Sam. En fait, les drogues sous toutes ses formes étaient consommées bien avant 1979 ...mais pas d'une façon aussi chronique, aussi rébarbatives ...les premiers signes de lassitude s'installent ... les premières erreurs se produisent... le calvaire LIZZY ne durera pas, celui de Lynott s'avérant mortel quelques années plus tard.

C'est donc Snowy White qui officiera comme guitariste au sein de THIN LIZZY pour les 2 albums suivants : Chinatown en 1980 et Renegade 2 ans plus tard. On sent dans le premier nommé le manque cruel d'inspiration de notre auteur - compositeur préféré, les titres proposés sont lourds, pas vraiment intéressants ...

... bref, pas du grand LIZZY quoi ! White ne sauve pas les meubles, beaucoup de ses solos n'excitent pas grand monde à part lui même ( c'est même pas sûr ! ) et sur scène, l'ex pigiste des PINK FLOYD bouge à peu près de 5 mètres en deux heures, et encore, à vu d'œil du fond de la salle ...pourtant, le disque marche bien en Angleterre, N° 7, les extraits en simple aussi ( N° 21 pour chinatown et N°10 pour killer on the loose ).

Le second Renegade est sans doute l'un des meilleurs LIZZY : nettement plus intimiste que le précédent, Phil nous écrit ses douleurs, ses peines et ses blessures, nettement mieux réussi musicalement, très ouvert vers des styles inconnus pour LIZZY jusque là. Oui mais voilà, trop tard, le disque en terme commercial est une catastrophe ...la tournée qui suit aussi, ... l'histoire de ces trois années écoulées avec Snowy White se termine par son éjection pure et simple. Pour Phil, qui s'enfonce de plus en plus dans l'héroïne, l'année se termine aussi dans des conditions difficiles sa femme le quittant et emmenant avec elle leurs deux enfants Sarah et Cathleen (la seconde est née en 1980 ). Seul l'album solo "the Philp Lynott album" vient jeter un rayon de soleil.

 

BABY PLEASE DON'T GO

Et nous voilà début 1983 au recommencement de l'histoire : chercher un guitariste ( entre temps, le groupe s'est adjoint les services d'un clavier à plein temps, DARREN WHARTON ). Le groupe considéré comme ramolli par ses fans les plus durs décide de recruter un véritable killer !!! l'heureux élu devra être capable de re dynamiser LIZZY tant sur disque que sur scène. John Sykes, transfuge de TYGER OF THE PAN TANG, allait être cette perle rare, mais rentrait dans un jeu floué à l'avance parce que, fin 1982, nos amis Lynott, Gorham ( qui voulait se désintoxiquer ) et Downey avaient prévu que ce disque serait le dernier, ainsi que la tournée qui devrait suivre la sortie dudit album.

John Sykes était-il le sauveur ? il fit mieux que cela, beaucoup mieux ! Le groupe proposa avec Thunder and lighting une mixture beaucoup plus heavy sans doute en réaction à ce qu'on appelait alors la New Wave Of British Heavy Metal, sans pour autant occulter les aspects mélodiques et intimistes ( beaucoup de titres sont réellement sombres, faisant part de la tristesse de Phil suite à la séparation d'avec sa famille ) et Sykes était l'homme de la situation ...en fait, n'oublions jamais qu'il a relancé la machine à lui tout seul ...

...trop tard il est vrai. Le disque fut bien accueilli, la tournée qui suivit remplit les salles, jusqu'à la dernière date, en Allemagne, le 4 septembre 1983, avec un passage courant mars à l'hammersmith de Londres où tous les guitaristes, de Bell à White étaient présents ( le double live "Live/life" est à mettre entre toutes les oreilles ).

Chacun rentra chez soit ... Gorham commença sa désintoxication, Downey, le fidèle depuis 1969, écuma les pubs avec ses baguettes, Sykes ne tardant pas à rejoindre WHITESNAKE. Phil quant à lui sombrait de plus en plus, cloué dans une mélancolie irréversible, revoyant ses enfants accessoirement, menant une vie de solitaire.

 

THE SUN GOES DOWN

Il refit surface ( artificiellement ) COURANT 1984 avec le projet GRAND SLAM, mais, malgré quelques dates anglaises, ne put trouver de contrat discographique, ce qui l'enfonça un peu plus encore dans l'héroïne.

1985 aurait pu être l'année d'un second départ ... d'abord grâce au Sieur Gary Moore avec qui il enregistre le maxi "out in the fields", pamphlet antimilitariste violent, qui cartonnera dans les charts anglais ( N° 5 ), puis avec le simple "19" qui annonçait un troisième album, ce simple se classant N° 14... fin octobre, Phil se remet plus sérieusement au travail et enregistre les derniers titres ... d'un album que l'on dit prêt mais qui jamais ne verra le jour...

Noël de cette année précipitera les choses ... Phil au plus mal, détruit physiquement et moralement, se retrouve chez sa mère ( je n'ai pas évoqué ici les relations entre Phil et Philomena ... il y aurait pourtant beaucoup à dire ... le texte du titre portant son prénom sur "Nightlife" est très révélateur ...) aux côtés de ses enfants et de sa femme ... c'est durant ces jours que l'entourage familial découvre le réel état de santé de notre héros favori ...

...qui avait une technique bien particulière : il se piquait aux pieds ... Interné d'urgence dans un état grave mais jugé non critique, il décédera le 4 janvier 1986 ... jeune et célèbre, tel les héros des légendes celtiques ( se reporter aux paroles de l'album Blackrose entre autres ) au près de sa mère, mais déjà loin de ses enfants, et en l'absence de ses amis qu'il ne voulait alarmer. La plupart apprendront sa mort par voix de presse ...ne s'étant pas déplacés après les assurances de Phil ou de sa mère ... sur son état de santé ... Scott Gorham en parle toujours avec une tristesse pudique ...les autres ne peuvent en discuter 15 ans après...fin de l'histoire ... Phil est mort, vive THIN LIZZY.