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> JETHRO TULL / AQUALUNG |
TULL
apparait aujourdhui comme une des références
incontournables de la musique rock en général. Ian
ANDERSON, chanteur-guitariste-flûtiste-auteur-compositeur
(rien que ça ???) de son état en est, encore
aujourdhui, le chef de meute, épaulé avec brio
par son lieutenant fidèle de toujours (du moins depuis
1969) Martin Barre. 1971, lannée de tous les dangers : Led Zep sort son IV, les WHO leur Next, YES se fragilise, les DOORS sont à L.A., les ALLMANS jouent live, et TULL, pas tout à fait débutant mais encore novice, revendique son autonomie (traduction littérale) à travers cet album monstrueux quest AQUALUNG. Une pièce de choix, une pièce unique, balayant tout sur son passage, de la ballade acoustique tranquille aux structures métalliques sombres et inquiètantes, ainsi se positionne AQUALUNG. Ian y écrit aussi ses premiers vrais textes : posés, critiques, autobiographiques pour partie, ils attaquent en règle lAngleterre religieuse et le puritanisme qui va avec (conféré seconde partie du disque). Et tout commence par la chanson éponyme, par son riff sombre et lourd, entrecoupé de ponts acoustiques contrastant avec cette ambiance malsaine, racontant la vie dun vieillard dérangé du cerveau et légèrement obscène... Martin y livre à la guitare lead une de ses plus belles passes darmes, Ian qui pour une fois a rangé sa flûte impose son chant comme un des plus personnels du circuit. "cross eyed mary" nest pas en reste, mais rend compte davantage de la voie suivie par le groupe sur cet album : certes, le son et les structures sont heavy, certes, les solos des uns et des autres ravageurs, mais le son TULL, cest aussi ce clavier omni-présent : John Evans, lhomme aux dix doigts, fait le contre point, donne la douceur nécessaire à lambiance pour faire dautre chose que du heavy metal (estampillé 70 jentends), et participe largement à linvention du son TULL. Oui, TULL a enfin un son ! Enfin, un
seul son ? non bien sûr, et, pour les amoureux du
vinyle (si possible dépoque), la face 1 ne se
terminera certainement pas comme elle avait commencé. Parce
quavec "my god", on rentre dans une autre
dimension. Cette face 2, presque entièrement consacrée
à la critique de la religion, débute à nouveau avec
anxièté et angoisse. La guitare acoustique qui
louvre nous amène tout doucement, aidée par le
piano et par la voix de Ian vers un déluge de lourdeur
électrique. Heavy heavy ! "Hymn 43", le titre suivant, nest pas en reste : toujours sur le même mode, guitare lourde plus piano allégeant lensemble, le tout parsemé de flûte ou de guitare lead et dirigé par le chant colérique de son mentor. "slipstream", durant 110, calme tout son monde. Ian y chante en posant doucement sa voix, quelques orchestrations aux violons accompagnent lacoustique des guitares, et terminent le titre de façon évasive. Et déboule sans doute lautre sommet de lalbum, "locomotive breath", titre aux paroles ironiques qui mettent en scène un conducteur de train revoyant par flash sa vie avant laccident plus que probable de sa machine, celle ci devenue incontrôlable. La part belle est donnée dabord à John aux claviers, qui lance avec ingéniosité ces 420 de pur bonheur. Puis Martin y joue de façon assez libre, (il utilise trois pistes sur ce titre) et Ian, comme dhabitude, domine les débats avec son chant et bien sûr son instrument fétiche. La machine se ralentit pourtant au début de ce "wind up", titre qui cloture le disque. Piano et guitare acoustique sentremêlent dans ce qui est une autre dénonciation de la religion, en particulier des principes éducatifs quelle inculque de force aux jeunes anglais. Ian y livre sans doute quelques uns de ses souvenirs de jeunesse, et sempresse damener son groupe sur des rythmes beaucoup plus soutenus. Lambiance devient électrique, très heavy à nouveau, Martin se fend dun dernier solo (trois pistes guitares là encore). Le titre se termine comme il avait commencé, plus calme, plus amer aussi, cette note de fin contraste avec le départ daqualung. Ian y livre sa dernière phrase, serein, lavé de toutes ses peines sur la question. Alors, que dire en guise de conclusion dun tel disque, dans lequel lacoustique la plus douce fusionne avec la colère la plus féroce ? Tout dabord (il faut le souligner), quil fut le premier vrai succès commercial du groupe. Secondement, que le TULL ne se répètera pas, ses disques suivants nauront pas du tout les mêmes sonorités. Enfin, quil en souffrira sur le plan artistique parce que les fans demanderont pendant de nombreuses années un aqualung bis. Fort heureusement, il nen sera rien, et la bande à Ian nous livrera dautres albums magnifiques tels "thick as a brick", "a passion play" ou encore "crest of a knave". |