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> RORY - FRESH EVIDENCE
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On m’a souvent décrit comme une sorte de fan ultime de Phil et de sa bande …  certes certes, au-delà du plaisir évident que cela procure, non sans une dose d’ironie d’ailleurs car ce n’est pas une compétition, je viens de trouver au moins mon égal en la matière : Quand j’ai demandé à Nico de me chroniquer un Rory – car il me parait évident que ce dernier est un des plus grandes incarnations du rock n roll – je ne m’attendais pas à autant de profondeur, sans pour autant douter de sa prose ! Je te le dis ici Nico, merci pour ces mots, et bienvenue au club des fans ultimes :p

Avec cet album, Rory Gallagher tirait sa révérence discographique et force est de constaté que ce fut de la plus belle des manières.

Pour ceux qui connaisse bien sa disco, rien à voir avec le cultissime Irish tour 74 ou bien encore le live in Europe qui lui a valu d'être sacré meilleur guitariste de l'année par le Melody Maker. Non celui-ci est à part… ça se sent… ça se ressent.

King of Zydéco ou Heaven's gate porteraient à elles seules tout l'album rien que par leur profondeur et leur richesse mais voilà, Rory ne l'entend pas de la même oreille et nous balance dans la figure du Empire state express, Ghost's blues, ou encore Middle name pour ne citer que celles-ci, sans qu'on ai le temps de respirer.

The loop et Kid Gloves sont une rafraîchissante bouffée d'oxygène alors que les autres cimentent le tout pour nous fabriquer ce qui restera comme un monument dans la carrière + que remplie du gars 'llagher.

Mais ce qui fait la force de cet album c'est, paradoxalement, la longue traversée du désert de cette période O combien pas bénie des 80's. Les 2 albums sortis pendant cette décennie d'ailleurs restent le tendon d'Achille de la fructueuse disco du bonhomme (note : Jinx en 82 et Defender en 85).

Mais le miracle a eu lieue, en 1991; Ultime sursaut de la bête, dernier baroude d'honneur, le chant du cygne quoi, comme avant une tragédie. Cet album est une sorte de testament dans lequel Rory nous offre tout ce qui lui reste dans les tripes. Car il est comme ça le Rory, il se donne pour les autres, il dit prenez, et nous prenons. N'allez pas chercher un quelconque ego surdimensionné ou un narcissisme accéré mais simplement une humble offrande de son art.

Cet album c'est comme si son âme s'était rebellée contre ce qui paraissait être inéluctable. Mais ce ne fut qu'un spasme car peu après, Gerry Mc Avoy, l'ami de 20 ans, quittait le groupe entraînant Brendan O'Neil dans son sillage et sabordant du même coup toute chance de rémission du cas Rory; il s'éteindra 5 mois à peine après son dernier concert en 95 rongé par des traitements médicamenteux aussi gargantuesques que destructeurs et une tristesse chronique au fond du coeur. Parce que Rory ne menait pas une vie dissolue, parce que Rory ne fumait ni la moquette ni rien d'autre d'ailleurs, parce que Rory n'était pas un alcoolique mais un bon Irlandais…non Rory ne faisait rien de tout ça car il vivait pour sa musique et que pour elle….c'est elle qui coulait dans ses veines, c'est elle qui le faisait se transcender sur scène, c'est elle qui le faisait vivre.

On n'écoute pas Fresh Evidence comme un autre album de Rory. Je pense même que pour assimiler l'entière dimension de l'album, il faut s'y préparer.

Personnellement ce ne fut qu'un choc à retardement et autant l'ensemble des autres albums me procure du bonheur et de l'admiration suprèmes, excessifs et bornés, autant celui-ci me procure de l'amour pour ce monsieur dont l'humilité n'a d'égale que son talent. Si Fresh Evidence ne vous fait pas cet effet, c'est que vous n'êtes pas encore prêt, mais je gage que ça viendra… tôt ou tard.

Je concluerai en parodiant une phrase d'Audiard qui disait :"si l'humilité se mesurait, il servirait de mètre étalon".

En tout cas cet album nous en donne une bonne leçon…d'humilité.